Parlons peu, mais parlons de moi…
Marcel Gottlieb titrait ainsi son édito dans fluide glacial. J’ai toujours rêvé de reprendre cette phrase pour parler de moi !
Plus sérieusement, ce sont mes partenaires interlocuteurs et interlocutrices, majoritairement des responsables de service communication ou chargé·es de communication, qui m’ont exprimé leur besoin de sentir l’univers, l’âme de la personne, du ou de la photographe qui va venir shooter vos salarié·es, vos installations. Je leur fait confiance, c’est pour cela que je vais parler de moi.
Je suis photographe industriel alors je vais vous parler usine, geste métier, laboratoire, zone contrôlée, lignes de productions, contrôle qualité. Je vous le dis tout de suite, ce qui m’intéresse dans cette entreprise, c’est l’Homme (comprenez genre humain) et ce qu’il a construit, ce qu’il maitrise, ce qu’il fait. Car l’homme fait, ou plutôt transforme. Et les transformations me fascinent aussi : de chaleur en électricité, de kaolin en faïence, de matière première en maquillage, médicaments, ascenseur, profils peints, valve, câble, joint… La liste est longue. La transformation, telle que je viens de la décrire, c’est le propre de l’Homme, avec le rire aussi.
Je suis photographe industriel car je suis photographe humaniste.
Dans une première vie professionnelle, j’étais travailleur social. J’ai travaillé auprès de populations diverses : tout d’abord avec les bébés (je suis diplômé éducateur de jeunes enfants), avec la jeunesse de quartier (aide aux devoirs, éducateur de rue) des demandeurs d’asile auprès desquels j’ai donné des cours d’alphabétisation, des adultes polyhandicapés pendant leurs vacances, des enfants placés hors de leur famille et enfin auprès d’adultes déficients intellectuels.
Ces expériences ont confirmé mon immense intérêt, voire admiration pour l’Homme (entendez genre humain) et ses pouvoirs. Au contact de toutes ces femmes et hommes, j’ai appris à interroger mes représentations et mes valeurs pour sans cesse réinterroger mes à priori. Cette gymnastique m’a appris à ne pas juger l’autre. La phrase semble sortie d’un mielleux post LinkedIn sur la bienveillance alors je vais m’escrimer à appuyer mon propos. Je n’ai plus de « gêne » en m’adressant à une personne différente, et je supporte mal les moqueries, le dénigrement, l’exclusion ou la condescendance. La condescendance, c’est le ton sur-gentil qu’un chef utilise pour s’adresser au salarié qui fait l’entretien, en l’appelant par son prénom et lui tapant sur l’épaule.
Pourquoi je raconte tout ça selon vous ?
Pour vous expliquez que le jour où je rentrerai dans votre usine, le contact avec les personnes que je vais y rencontrer sera simple et clair. Je dis contact mais c’est finalement un contrat, je m’explique. La question sous-jacente lorsque j’arrive avec mon appareil est : pourquoi tu vas me photographier et pour qui ?
Bien sûr on explique c’est pour la com…, on refait une campagne de photos, notre photothèque est vieillissante….
La personne salariée s’en moque complètement de notre banque d’images, elle veut savoir si elle va être mise en valeur, si elle risque d’être instrumentalisée, et si oui comment. Pas besoin d’un long discours pour justifier ma présence et mon honnêteté, je suis capable de transmettre cette certitude que je suis là pour valoriser, j’en suis tellement sûr moi-même que je n’ai aucune difficulté à le faire savoir par mon regard, le ton de ma voix et ma poignée de main.
Et cet tout hérité de mon métier de travailleur social, le non-jugement y est pour beaucoup.
Bien sûr certain.es refusent que je les photographie. Parfois par principe, souvent par opposition à l’employeur. Dans ces deux cas j’entends la phrase suivante : désolé c’est pas contre vous.
Devenu spécialiste de l’image industrielle, fixe et animée, j’ai beaucoup circulé en usines. C’est là que j’ai compris que les besoins étaient importants. Au cours d’une visite d’usine pour préparer des prises de vue, j’ai innocemment posé la question suivante : « Avez-vous pensé à changer les modes opératoires au poste par des vidéos ? » La réaction de mon interlocutrice a été tellement forte que j’ai foncé sur Google pour comprendre ce qu’il se passait. J’ai découvert les notions d’Usine du futur, usine 4.0. GIVE Productions est née ce jour-là, une agence audiovisuelle spécialiste de l’industrie et QHSE, qui propose notamment des parcours vidéo + quizz. Visitez le site pour découvrir ses enjeux.
Je n’ai pas parlé technique photographique, mais je n’aime pas beaucoup parler de profondeur de champ, d’ailleurs un champ c’est pas profond, c’est long et large ok, mais pas profond.